Un passeport pour Gilles Munier, secrétaire des amitiés
franco-irakiennes
Backchich.info, 6 juillet 2009
Gilles Munier, 64 ans, va pouvoir s’éloigner de Rennes, où il vit, et mettre le nez en dehors de l’Hexagone. Mis en examen dans l’affaire « Pétrole contre nourriture », par le juge Philippe Courroye, le secrétaire général des amitiés franco-irakiennes était privé de passeport et ne pouvait plus voyager à l’étranger depuis 2005. Curieusement, cette sanction ne s’appliquait qu’à lui et pas aux quelques dizaines de pétroliers, d’hommes d’affaires, d’intermédiaires et de politiciens français qui se sont enrichis sur le dos des Irakiens pendant des années, avec la bénédiction de l’ONU.
Gilles Munier a surtout payé pour ses mauvaises fréquentations. Proche de l’ancien régime irakien, il a dirigé la traduction en français de Zabiba et le Roi, un conte écrit par Saddam Hussein. Militant tiers-mondiste, collaborateur d’Afrique-Asie, Gilles Munier,a publié cette année Les espions de l’or noir (éditions Koutoubia), un livre qui brosse le portrait des agents occidentaux qui traînent leurs guêtres dans les champs de pétrole du Moyen-Orient depuis l’époque napoléonienne.
GILLES MUNIER - Le Blog de "France - Irak Actualité"
- Analyses de Gilles Munier, secrétaire général des "Amitiés franco-irakiennes", sur la situation en Irak - Analyses du "Cercle d'études géopolitiques Proche-Orient" sur l'état d'avancement du projet américano-israélien de remodelage de la zone dite "Grand Moyen-Orient" - Nouvelles du Comité de soutien à Gilles Munier (inculpé dans l'affaire "Pétrole contre nourriture")
Friday, July 17, 2009
Saturday, July 4, 2009
Affaire "Pétrole contre nourriture" (suite)
Gilles Munier autorisé à se rendre à l’étranger
Bonne nouvelle pour le Rennais Gilles Munier, secrétaire général des Amitiés franco-irakiennes : il va pouvoir donner une suite aux « Espions de l’or noir », ouvrage qu’il a publié en avril dernier et qui rencontre un certain succès. En effet, mi- juin, après un entretien avec son avocat Jacques Vergès, la juge Xavière Siméoni a décidé de lui rendre son passeport et de lever l’interdiction qui lui était faite, depuis 4 ans, de voyager à l’étranger… y compris dans l’espace Schengen.
Mis en examen en 2005 dans l’affaire « Pétrole contre nourriture », astreint au versement d’une caution de 50 000 euros, par le juge Philippe Courroye pour non-respect de la résolution de l’ONU mettant l’Irak sous embargo, il n’avait plus d’autre moyen de subsistance que sa plume, et le salaire de son épouse. Ses demandes, réitérées, de recouvrer sa liberté de circulation avaient toutes été refusées, l’obligeant à abandonner deux projets de livres sur les questions de Proche-Orient – et les avances sur droits d'auteur prévues – et à annuler un reportage en Afrique du Sud pour le magazine Afrique Asie auquel il collabore. « Difficile de vivre dans ces conditions », dit Gilles Munier, « et d’autant plus quand on s’aperçoit que les personnes impliquées dans cette affaire voyagent, elles, sans difficulté ». C’est le cas, précise-t-il sans acrimonie, « du patron de Total, qui est allé en Angola et en Syrie avec Nicolas Sarkozy, et qui a même été reçu à Bagdad par Nouri al-Maliki, Premier ministre irakien ».
Alors, il a adressé au Procureur de la République de Paris son dernier livre - qui brosse le portrait d’espions occidentaux envoyés dans le Caucase et au Proche-Orient de l’époque napoléonienne aux lendemains de la Seconde guerre mondiale -, et une demande de restitution de son passeport pour lui permettre d’enquêter sur le jeu des grandes puissances en Méditerranée ces soixante dernières années. Bien lui en a pris. Cette fois, les arguments avancés par Maître Vergès ont été entendus. A 64 ans, c’est peut être pour Gilles Munier le début d’une nouvelle carrière !
paru dans 7 JOURS - hebdomadaire - Rennes – 4/7/09
Bonne nouvelle pour le Rennais Gilles Munier, secrétaire général des Amitiés franco-irakiennes : il va pouvoir donner une suite aux « Espions de l’or noir », ouvrage qu’il a publié en avril dernier et qui rencontre un certain succès. En effet, mi- juin, après un entretien avec son avocat Jacques Vergès, la juge Xavière Siméoni a décidé de lui rendre son passeport et de lever l’interdiction qui lui était faite, depuis 4 ans, de voyager à l’étranger… y compris dans l’espace Schengen.
Mis en examen en 2005 dans l’affaire « Pétrole contre nourriture », astreint au versement d’une caution de 50 000 euros, par le juge Philippe Courroye pour non-respect de la résolution de l’ONU mettant l’Irak sous embargo, il n’avait plus d’autre moyen de subsistance que sa plume, et le salaire de son épouse. Ses demandes, réitérées, de recouvrer sa liberté de circulation avaient toutes été refusées, l’obligeant à abandonner deux projets de livres sur les questions de Proche-Orient – et les avances sur droits d'auteur prévues – et à annuler un reportage en Afrique du Sud pour le magazine Afrique Asie auquel il collabore. « Difficile de vivre dans ces conditions », dit Gilles Munier, « et d’autant plus quand on s’aperçoit que les personnes impliquées dans cette affaire voyagent, elles, sans difficulté ». C’est le cas, précise-t-il sans acrimonie, « du patron de Total, qui est allé en Angola et en Syrie avec Nicolas Sarkozy, et qui a même été reçu à Bagdad par Nouri al-Maliki, Premier ministre irakien ».
Alors, il a adressé au Procureur de la République de Paris son dernier livre - qui brosse le portrait d’espions occidentaux envoyés dans le Caucase et au Proche-Orient de l’époque napoléonienne aux lendemains de la Seconde guerre mondiale -, et une demande de restitution de son passeport pour lui permettre d’enquêter sur le jeu des grandes puissances en Méditerranée ces soixante dernières années. Bien lui en a pris. Cette fois, les arguments avancés par Maître Vergès ont été entendus. A 64 ans, c’est peut être pour Gilles Munier le début d’une nouvelle carrière !
paru dans 7 JOURS - hebdomadaire - Rennes – 4/7/09
Wednesday, July 1, 2009
SOFA - status of force agreement
SOFA : LA GRANDE MANIP
par Gilles Munier (Afrique Asie – juillet 09)
Les Irakiens qui croyaient qu’on les consulterait par referendum, fin juillet, pour valider le SOFA - Status of force agreement, le pacte sécuritaire avec les Etats-Unis - voté par les parlementaires le 27 novembre 2008, en sont pour leurs frais : le Premier ministre Nouri al-Maliki en a décidé autrement, en accord avec Barack Obama. La consultation est reportée à janvier 2010, « faute de temps et d’argent », ce qui ne convainc évidemment personne.
Jusqu’au 31 décembre 2008, l’occupation de l’Irak par les Etats-Unis était entérinée par des résolutions de l’ONU. Pour éviter de se retrouver dans une situation juridique délicate, Washington se devait de négocier, avec le gouvernement irakien, un accord précisant les formes que prendrait, après cette date, la présence militaire américaine dans le pays.
Double langage
Après des mois de tractations, le texte soumis aux députés comportait des formulations ambiguës permettant des interprétations « flexibles » afin que personne ne perde la face. Malgré cela, le 27 novembre dernier, 198 sur 275 parlementaires s’étaient fait porter malade ou avaient éprouvé l’impérieux besoin d’effectuer leur pèlerinage à La Mecque ! Le texte était passé par 149 voix pour, et 35 contre. Pour : celles d’al-Dawa, du Conseil suprême islamique d’Abdul Aziz al-Hakim et des deux partis kurdes. Des membres du Front de l’accord irakien, coalition de partis sunnites, avaient négocié leur soutien au gouvernement en obtenant l’organisation d’un referendum national fin juillet 2009. Contre, principalement : les partisans de Moqtada Sadr. L’Ayatollah Sistani, qui exigeait un semblant de consensus national, donna son aval à l’opération.
Depuis ce vote au Parlement, à Bagdad, dans les milieux pro américains, la mode est plus que jamais au double langage : se présenter au peuple en ardent défenseur de la souveraineté nationale, et assurer Washington, discrètement, qu’il faut maintenir dans le pays une présence militaire conséquente.
Ainsi, le 30 juin, comme l’exige le SOFA, les troupes d’occupation se retireront des villes, mais pour se positionner… à leur lisière ! Interrogés sur le nombre de soldats qui seront maintenus, le général Ray Odierno, commandant de l'US Army en Irak, a répondu : « très petit », et Ali al- Dabbagh, porte- parole du gouvernement, que ce sera « fonction des besoins ». En d’autres termes : les GI’s ne quitteront pas vraiment les villes. L’accord de sécurité les autorise, d’ailleurs, à intervenir partout, sous couvert de chasse aux terroristes d’al-Qaïda au Pays des deux fleuves, vocable englobant toute la résistance. La construction de quatorze nouvelles bases est même à l’étude, dont une baptisée « Joint Security Station Comanche » en bordure de Sadr City. Firyad Rawndouzi, membre du Comité sécurité et défense du Parlement, estime nécessaire un « soutien américain » dans le « zones instables », les opérations militaires se déroulant – au moins sur le papier - en coordination avec l’armée et le gouvernement irakiens. Massoud Barzani est le seul à se déclarer pour le maintien des troupes américaines et à proposer, si nécessaire, la construction de bases de repli dans la région kurde qu’il préside.
« Bagdad s’enflammerait »
Le Président Obama a annoncé le retrait des troupes américaines d’Irak pour le 31 août 2010, soit seize mois avant la date fixée par le SOFA. Mais, de 35 et 50 000 soldats y demeureront pour une période indéterminée, comme prévu par Dick Cheney, pour conseiller et former les troupes irakiennes, et mener « si nécessaire » des opérations « limitées » contre les « terroristes ». Lors du vote à l’Assemblée, ces points avaient été cachés, délibérément, à la plupart des députés et à l’opinion publique. Désormais connus de tous, les non-dits du SOFA annonçaient une campagne référendaire explosive. Le non ne faisait aucun doute et ce, d’autant plus, qu’Obama avait décidé de publier les photos des tortures infligées aux Irakiens par la CIA et la soldatesque étasunienne. C’en était trop pour Nouri al-Maliki. En apprenant la nouvelle, selon un officiel américain présent, le Premier ministre irakien était devenu « blanc comme neige » et déclaré que si la décision était maintenue : «Bagdad s’enflammerait ».
Depuis que Barack Obama a interdit la publication des photos - « pour ne pas mettre en danger les troupes américaines » -, Nouri al-Maliki peut jouer à nouveau au nationaliste à poigne. Il lui restait à échapper au rejet du SOFA par le peuple irakien. Dès mars dernier, Sadiq al-Rikabi, son principal conseiller, avait préparé le terrain en déclarant que le referendum n’était plus nécessaire en raison des engagements pris par Obama. Puis, Faraj al-Haidari, président de la Commission électorale a réclamé 90 millions de dollars pour l’organiser. « Trop cher ! » a dit le Premier ministre et le report du scrutin a été annoncé. Son annulation pure et simple était trop risquée : elle aurait nécessité la convocation du Parlement et provoqué des débats houleux susceptibles de déstabiliser le gouvernement.
D’ici le 30 janvier 2010 - date des législatives–referendum - il faut s’attendre à de nouvelles manipulations de l’opinion autour du SOFA. Nouri al-Maliki se montrera très attentif à la façon dont l’armée américaine respecte l’accord, comme il l’a fait en avril en condamnant un raid US sur Kout et en réclamant – pour la galerie - le passage des militaires impliqués devant un tribunal irakien. Fin manœuvrier, il pourrait, cette fois, demander la négociation d’un nouveau texte. Dans ce cas, son succès électoral est assuré.
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Un pavé dans la mare, signé Nouri al-Maliki
Où s’arrêtera Nouri al-Maliki? Présenté comme le grand vainqueur des élections régionales, il s’apprête à remporter les législatives, inversant au sein de la coalition chiite pro-iranienne l’équilibre des forces en faveur de son parti al-Dawa. Celui que George W. Bush présentait aux anciens combattants du Kansas, en août 2007, comme « un brave type, un brave homme, avec un boulot difficile » qu’il fallait soutenir, se sent pousser des ailes. Avec l’aide des Etats-Unis… et de l’Iran, il se verrait bien présider le pays, sans véritable partage.
Le 19 mai, interviewé par la chaîne de télévision Al-Hurrah financée par Washington, il a critiqué le système de prise de décision par consensus, et dénoncé les quotas de représentativité dans les rouages de l’Etat, basés sur l’origine ethnique ou religieuse comme une « catastrophe ». Puis, il a fait sensation en se déclarant favorable au retour d’un régime présidentiel en Irak.
Les partis kurdes l’ont aussitôt accusé de vouloir modifier la constitution pour monopoliser le pouvoir au profit des Arabes. Les sunnites ont vu dans sa déclaration une tentative pour les marginaliser définitivement. Le mot « totalitarisme » a été prononcé. Pour calmer le jeu, Abbas al-Bayyati, un député proche du Premier ministre, a évoqué l’organisation d’un referendum, envenimant un peu plus le climat politique. A Bagdad, il ne fait de doute pour personne que Nouri al-Maliki a lancé un ballon d’essai et qu’en cas de victoire électorale en janvier prochain, il mettra son projet à exécution.
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Guerre d’Irak : c’était bien une croisade !
George W. Bush avait clairement dit, après les attentats du 11 septembre, que sa guerre contre le terrorisme était une « croisade du Bien contre le Mal ». Devant l’émoi suscité par cette évocation dans les pays musulmans, le Département d’Etat avait tempéré le propos en disant qu’il s’agissait en fait d’une « croisade pour de droit ». Le terme avait ensuite disparu du langage du président des Etats-Unis, ce qui ne l’empêchait pas de truffer ses discours de citations bibliques et de déclarer que Dieu l’avait investi d’une mission sacrée contre les « Etats voyous ». Sa guerre contre l’Irak revenait, officieusement, à débarrasser ce pays d’une sorte d’Antéchrist, justification utile aux néo-conservateurs pour faire passer au second plan le pétrole et la défense d’Israël.
Mais, dans le premier cercle entourant Bush, il était toujours bien question de croisade. C’est ce qu’a révélé le magazine étasunien CQ, qui suit les activités du Congrès : les couvertures des rapports « top secret »* décrivant le déroulement de l’invasion, adressés par Donald Rumsfeld, secrétaire d’Etat à la Défense, à la Maison-Blanche faisaient, toutes, référence aux livres de l’Ancien Testament ou à l’Epître de Paul aux Ephésiens. John Burton, conseiller politique de Tony Blair pendant 24 ans, affirme dans son livre « We Don't Do God », que le Premier ministre britannique percevait, lui aussi, la guerre d’Irak comme une « nécessité biblique ». Une croisade anglo-saxonne donc, de bout en bout : jusqu’à l’échec !
* Les couvertures des rapports du Pentagone sont sur : http://men.style.com/gq/features/topsecret
par Gilles Munier (Afrique Asie – juillet 09)
Les Irakiens qui croyaient qu’on les consulterait par referendum, fin juillet, pour valider le SOFA - Status of force agreement, le pacte sécuritaire avec les Etats-Unis - voté par les parlementaires le 27 novembre 2008, en sont pour leurs frais : le Premier ministre Nouri al-Maliki en a décidé autrement, en accord avec Barack Obama. La consultation est reportée à janvier 2010, « faute de temps et d’argent », ce qui ne convainc évidemment personne.
Jusqu’au 31 décembre 2008, l’occupation de l’Irak par les Etats-Unis était entérinée par des résolutions de l’ONU. Pour éviter de se retrouver dans une situation juridique délicate, Washington se devait de négocier, avec le gouvernement irakien, un accord précisant les formes que prendrait, après cette date, la présence militaire américaine dans le pays.
Double langage
Après des mois de tractations, le texte soumis aux députés comportait des formulations ambiguës permettant des interprétations « flexibles » afin que personne ne perde la face. Malgré cela, le 27 novembre dernier, 198 sur 275 parlementaires s’étaient fait porter malade ou avaient éprouvé l’impérieux besoin d’effectuer leur pèlerinage à La Mecque ! Le texte était passé par 149 voix pour, et 35 contre. Pour : celles d’al-Dawa, du Conseil suprême islamique d’Abdul Aziz al-Hakim et des deux partis kurdes. Des membres du Front de l’accord irakien, coalition de partis sunnites, avaient négocié leur soutien au gouvernement en obtenant l’organisation d’un referendum national fin juillet 2009. Contre, principalement : les partisans de Moqtada Sadr. L’Ayatollah Sistani, qui exigeait un semblant de consensus national, donna son aval à l’opération.
Depuis ce vote au Parlement, à Bagdad, dans les milieux pro américains, la mode est plus que jamais au double langage : se présenter au peuple en ardent défenseur de la souveraineté nationale, et assurer Washington, discrètement, qu’il faut maintenir dans le pays une présence militaire conséquente.
Ainsi, le 30 juin, comme l’exige le SOFA, les troupes d’occupation se retireront des villes, mais pour se positionner… à leur lisière ! Interrogés sur le nombre de soldats qui seront maintenus, le général Ray Odierno, commandant de l'US Army en Irak, a répondu : « très petit », et Ali al- Dabbagh, porte- parole du gouvernement, que ce sera « fonction des besoins ». En d’autres termes : les GI’s ne quitteront pas vraiment les villes. L’accord de sécurité les autorise, d’ailleurs, à intervenir partout, sous couvert de chasse aux terroristes d’al-Qaïda au Pays des deux fleuves, vocable englobant toute la résistance. La construction de quatorze nouvelles bases est même à l’étude, dont une baptisée « Joint Security Station Comanche » en bordure de Sadr City. Firyad Rawndouzi, membre du Comité sécurité et défense du Parlement, estime nécessaire un « soutien américain » dans le « zones instables », les opérations militaires se déroulant – au moins sur le papier - en coordination avec l’armée et le gouvernement irakiens. Massoud Barzani est le seul à se déclarer pour le maintien des troupes américaines et à proposer, si nécessaire, la construction de bases de repli dans la région kurde qu’il préside.
« Bagdad s’enflammerait »
Le Président Obama a annoncé le retrait des troupes américaines d’Irak pour le 31 août 2010, soit seize mois avant la date fixée par le SOFA. Mais, de 35 et 50 000 soldats y demeureront pour une période indéterminée, comme prévu par Dick Cheney, pour conseiller et former les troupes irakiennes, et mener « si nécessaire » des opérations « limitées » contre les « terroristes ». Lors du vote à l’Assemblée, ces points avaient été cachés, délibérément, à la plupart des députés et à l’opinion publique. Désormais connus de tous, les non-dits du SOFA annonçaient une campagne référendaire explosive. Le non ne faisait aucun doute et ce, d’autant plus, qu’Obama avait décidé de publier les photos des tortures infligées aux Irakiens par la CIA et la soldatesque étasunienne. C’en était trop pour Nouri al-Maliki. En apprenant la nouvelle, selon un officiel américain présent, le Premier ministre irakien était devenu « blanc comme neige » et déclaré que si la décision était maintenue : «Bagdad s’enflammerait ».
Depuis que Barack Obama a interdit la publication des photos - « pour ne pas mettre en danger les troupes américaines » -, Nouri al-Maliki peut jouer à nouveau au nationaliste à poigne. Il lui restait à échapper au rejet du SOFA par le peuple irakien. Dès mars dernier, Sadiq al-Rikabi, son principal conseiller, avait préparé le terrain en déclarant que le referendum n’était plus nécessaire en raison des engagements pris par Obama. Puis, Faraj al-Haidari, président de la Commission électorale a réclamé 90 millions de dollars pour l’organiser. « Trop cher ! » a dit le Premier ministre et le report du scrutin a été annoncé. Son annulation pure et simple était trop risquée : elle aurait nécessité la convocation du Parlement et provoqué des débats houleux susceptibles de déstabiliser le gouvernement.
D’ici le 30 janvier 2010 - date des législatives–referendum - il faut s’attendre à de nouvelles manipulations de l’opinion autour du SOFA. Nouri al-Maliki se montrera très attentif à la façon dont l’armée américaine respecte l’accord, comme il l’a fait en avril en condamnant un raid US sur Kout et en réclamant – pour la galerie - le passage des militaires impliqués devant un tribunal irakien. Fin manœuvrier, il pourrait, cette fois, demander la négociation d’un nouveau texte. Dans ce cas, son succès électoral est assuré.
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Un pavé dans la mare, signé Nouri al-Maliki
Où s’arrêtera Nouri al-Maliki? Présenté comme le grand vainqueur des élections régionales, il s’apprête à remporter les législatives, inversant au sein de la coalition chiite pro-iranienne l’équilibre des forces en faveur de son parti al-Dawa. Celui que George W. Bush présentait aux anciens combattants du Kansas, en août 2007, comme « un brave type, un brave homme, avec un boulot difficile » qu’il fallait soutenir, se sent pousser des ailes. Avec l’aide des Etats-Unis… et de l’Iran, il se verrait bien présider le pays, sans véritable partage.
Le 19 mai, interviewé par la chaîne de télévision Al-Hurrah financée par Washington, il a critiqué le système de prise de décision par consensus, et dénoncé les quotas de représentativité dans les rouages de l’Etat, basés sur l’origine ethnique ou religieuse comme une « catastrophe ». Puis, il a fait sensation en se déclarant favorable au retour d’un régime présidentiel en Irak.
Les partis kurdes l’ont aussitôt accusé de vouloir modifier la constitution pour monopoliser le pouvoir au profit des Arabes. Les sunnites ont vu dans sa déclaration une tentative pour les marginaliser définitivement. Le mot « totalitarisme » a été prononcé. Pour calmer le jeu, Abbas al-Bayyati, un député proche du Premier ministre, a évoqué l’organisation d’un referendum, envenimant un peu plus le climat politique. A Bagdad, il ne fait de doute pour personne que Nouri al-Maliki a lancé un ballon d’essai et qu’en cas de victoire électorale en janvier prochain, il mettra son projet à exécution.
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Guerre d’Irak : c’était bien une croisade !
George W. Bush avait clairement dit, après les attentats du 11 septembre, que sa guerre contre le terrorisme était une « croisade du Bien contre le Mal ». Devant l’émoi suscité par cette évocation dans les pays musulmans, le Département d’Etat avait tempéré le propos en disant qu’il s’agissait en fait d’une « croisade pour de droit ». Le terme avait ensuite disparu du langage du président des Etats-Unis, ce qui ne l’empêchait pas de truffer ses discours de citations bibliques et de déclarer que Dieu l’avait investi d’une mission sacrée contre les « Etats voyous ». Sa guerre contre l’Irak revenait, officieusement, à débarrasser ce pays d’une sorte d’Antéchrist, justification utile aux néo-conservateurs pour faire passer au second plan le pétrole et la défense d’Israël.
Mais, dans le premier cercle entourant Bush, il était toujours bien question de croisade. C’est ce qu’a révélé le magazine étasunien CQ, qui suit les activités du Congrès : les couvertures des rapports « top secret »* décrivant le déroulement de l’invasion, adressés par Donald Rumsfeld, secrétaire d’Etat à la Défense, à la Maison-Blanche faisaient, toutes, référence aux livres de l’Ancien Testament ou à l’Epître de Paul aux Ephésiens. John Burton, conseiller politique de Tony Blair pendant 24 ans, affirme dans son livre « We Don't Do God », que le Premier ministre britannique percevait, lui aussi, la guerre d’Irak comme une « nécessité biblique ». Une croisade anglo-saxonne donc, de bout en bout : jusqu’à l’échec !
* Les couvertures des rapports du Pentagone sont sur : http://men.style.com/gq/features/topsecret
Friday, June 5, 2009
Elections au Kurdistan irakien
LES KURDES ENTRE RESSENTIMENT ET COLERE
Le Kurdistan irakien, présenté dans certains médias comme une base avancée de la démocratie au Proche-Orient, retient son souffle. Massoud Barzani, président de la région autonome, a annoncé, après plusieurs reports justifiés par de soi disant problèmes budgétaires, que les élections au parlement régional se tiendront le 25 juillet prochain : 2,5 millions d’électeurs seront appelés aux urnes, et plus de 40 listes seront en lice pour 111 sièges. Voilà pour la façade.
Pour le reste, le plus important pour la population de la région, la situation est préoccupante, sinon catastrophique, que ce soit au plan économique qu’en matière de droits de l’homme. Les membres des tribus Barzani et Talabani trustent les postes décisionnels et dilapident les richesses régionales. Certes, les grandes villes ont des aéroports neufs, des hôtels cinq étoiles, mais l’électricité manque, les services médicaux sont déficients et l’enseignement laissé à l’abandon, ou presque. La corruption bat son plein et des groupes maffieux liés au pouvoir gèrent la contrebande, le trafic de drogue en provenance d’Afghanistan, et l’exportation clandestine de pétrole. L’immigration vers l’Union européenne semble le seul espoir de lendemains meilleurs pour toute une partie de la jeunesse. Moushiwan Mustapha, ancien n°2 de l’UPK (Union Populaire du Kurdistan) dont il a été le fondateur avec Jalal Talabani, compare le système mis en place après 2003 à celui de la Roumanie sous Ceausescu !
Abus de pouvoir, corruption et prisons secrètes
Les médias, à quelques exceptions près, sont aux ordres des deux grands partis. Les journalistes indépendants ne peuvent pas adhérer au syndicat officiel, et la moindre critique provoque en retour intimidations, arrestations et amendes. A Kirkouk, menacée d’annexion, la journaliste Soran Mama Hama, a été assassinée pour avoir critiqué les services sécuritaires kurdes. D’autres, à Erbil et Soulimaniya, ont échappé à des attentats pour avoir dénoncé les abus de pouvoir et la corruption. Pour la publication d’informations dites « confidentielles », Adib Aref, rédacteur en chef du quotidien kurde Hawlati, a été qualifié en 2008 de « traître au service de l’étranger » par le secrétariat de Barzani. Jalal Talabani, en tant que président de la République, s’en est pris aussi à lui, en lui intentant un procès pour avoir publié, en kurde, un rapport du chercheur américain Michael Rubin, qui lui déplaisait. L’ex-chef de guerre, que le légendaire Mustapha Barzani comparait à un scorpion, n’a évidemment rien du « George Washington irakien » vanté par le département d’Etat étasunien.
La sécurité – toute relative – ne prévaut au Kurdistan qu’au prix d’arrestations et d’incarcérations dans les prisons secrètes du ministère de l’Intérieur de la région autonome et des services secrets du PDK (Parti démocratique du Kurdistan, de Massoud Barzani) ou de l’UPK. Masrour Barzani, fils du président de la région, chef du Parastin, le SR du PDK, se croit tout permis. En février 2006, à Vienne, il aurait fait tabasser par ses gardes du corps à Vienne Kamal Saïd Qadir – citoyen autrichien - connu pour ses articles attaquant la nomenklatura d’Erbil. Arrêté lors d’un séjour au Kurdistan en 2005, cet intellectuel avait été condamné à … 30 ans de prison, puis libéré quelques mois plus tard grâce aux pressions exercées par l’Autriche sur le président kurde.
Test de popularité grandeur nature
La liste Kurdistan, du duo Barzani-Talabani, emportera-t-elle les élections ? L’UPK, en perte de vitesse, tire le PDK vers le bas. Bien qu’elle peut compter sur les voix de tribus qui leur ont fait allégeance, de nouvelles forces apparaissent, issues de la mouvance islamique ou inspirées par le PKK, l’organisation séparatiste kurde de Turquie. Kamal Saïd Qadir s’est déclaré candidat. Moushiwan Mustapha, qui dirige le groupe de presse Wisha Media Corporation, se présente en alternative sérieuse. Considéré comme « l’enfant terrible » du nationalisme kurde irakien, il concourra, avec Jawhar Namiq, membre de la direction du PDK qui l’a rejoint, sous l’étiquette du « Changement ». Sa liste peut compter sur le soutien du quotidien Rozhnama et de KNN-TV qui lui appartiennent. Mais, cette dernière n’émet que 7 heures par jour, peu à côté des chaînes radio et télévisées de l’alliance Barzani –Talabani avec leurs dix satellites émettant 24 heures sur 24. Mais, indication qui ne trompe pas, la défiance des Kurdes pour leurs dirigeants, un sondage effectué par Hawlati le 12 mai, place la liste du Changement en tête avec 59,3% des voix, suivie par celle des Quatre Partis qui regroupe des mouvements islamique et de gauche (19%). La liste Kurdistan ne dépasserait pas les 20%.
Qotab Talabani, le très contesté « ambassadeur » kurde aux Etats-Unis, a beau exhorter la diaspora kurde à dépasser ses ressentiments, la décision du Gouvernement Régional Kurde (KRG) de ne pas appeler à voter les électeurs résidant à l’étranger, jugés trop frondeurs, est du plus mauvais effet. Depuis plusieurs décennies, les Barzani et Talabani ont fait miroiter aux yeux des Kurdes les bienfaits de la démocratie et de l’indépendance. Pour ce qui est des libertés, depuis l’agression américaine de 2003, la population ne se fait plus d’illusions. Depuis qu’en mars dernier, Jalal Talabani a jugé « impossible » l'accession du Kurdistan irakien à l'indépendance, et réduit les vieilles revendications séparatistes kurdes à un « rêve poétique », le désenchantement transcende tout l’éventail politique. Quel que soit le résultat des élections en juillet, la stabilité dans cette région d’Irak est des plus incertaines.
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La Région autonome du Kurdistan irakien
La division des Kurdes irakiens, dues à des inimitiés ancestrales entre tribus, clans, ou aux ambitions personnelles de dirigeants politiques, a toujours entretenu dans cette partie de l’Irak, une confusion propice aux interventions étrangères. L’Union soviétique, les Etats-Unis, Israël, l’Iran, la Syrie ou la Turquie s’y sont souvent affrontés, ou s’y affrontent toujours, par chefs kurdes interposés.
En arrivant au pouvoir à Bagdad, en juillet 1968, le parti Baas avait pour objectif prioritaire de rétablir la paix entre irakiens en réglant définitivement le problème kurde, en partant du principe que leurs aspirations étaient « naturelles et légitimes ».
Le 11 mars 1970, une proclamation jetant les bases de rapports nouveaux entre Arabes et Kurdes a été rendue publique, suivie en 1974 par l’octroi d’un statut d’autonomie interne pour les gouvernorats de Soulimaniya, Erbil et Dohouk, qui formèrent la Région autonome du Kurdistan.
A cette époque, Mustapha Barzani – père de Massoud - qui avait négocié le projet avec Saddam Hussein, alors vice-président, et qui y était favorable, changea brusquement de position en revendiquant les puits de pétrole de Kirkouk, sous la pression du Chah d’Iran, d’Henry Kissinger et d’Israël. Il proposa même à Washington de faire du Kurdistan… un Etat américain ! Aujourd’hui, après bien des péripéties et des dizaines de milliers de morts, la situation a certes évoluée, mais pour se ressembler. Cruellement.
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Les services secrets kurdes font la loi
Le Parastin, service secret du PDK, et le Dazgay Zaniyari, celui de l’UPK, sont dirigés respectivement par Masrour Barzani et Pavel Talabani, fils des présidents inamovibles de ces partis. Ils coordonnent plus ou moins leurs activités de répression avec l’Asayish, organe officiel de sécurité de la Région autonome, fondé en 1993.
Le Parastin, le Dazgay Zaniyari et l’Asayish sont régulièrement accusés de détentions arbitraires, de torture, d’exécutions sommaires, et de nettoyage ethnique à Kirkouk et ses environs – riches en pétrole - où les Turcomans sont majoritaires. La plupart des détenus politiques, passés par des prisons secrètes, ou des « disparus », sont des membres d’organisations islamiques antiaméricaines. Les cadres des services secrets kurdes ont été à « bonne école », formés, suivant les époques, par le KGB, la Savak du Chah, la CIA, le Mossad israélien, voire le Vevak des Mollah iraniens.
Article publié dans Afrique Asie de juin 2009
Le Kurdistan irakien, présenté dans certains médias comme une base avancée de la démocratie au Proche-Orient, retient son souffle. Massoud Barzani, président de la région autonome, a annoncé, après plusieurs reports justifiés par de soi disant problèmes budgétaires, que les élections au parlement régional se tiendront le 25 juillet prochain : 2,5 millions d’électeurs seront appelés aux urnes, et plus de 40 listes seront en lice pour 111 sièges. Voilà pour la façade.
Pour le reste, le plus important pour la population de la région, la situation est préoccupante, sinon catastrophique, que ce soit au plan économique qu’en matière de droits de l’homme. Les membres des tribus Barzani et Talabani trustent les postes décisionnels et dilapident les richesses régionales. Certes, les grandes villes ont des aéroports neufs, des hôtels cinq étoiles, mais l’électricité manque, les services médicaux sont déficients et l’enseignement laissé à l’abandon, ou presque. La corruption bat son plein et des groupes maffieux liés au pouvoir gèrent la contrebande, le trafic de drogue en provenance d’Afghanistan, et l’exportation clandestine de pétrole. L’immigration vers l’Union européenne semble le seul espoir de lendemains meilleurs pour toute une partie de la jeunesse. Moushiwan Mustapha, ancien n°2 de l’UPK (Union Populaire du Kurdistan) dont il a été le fondateur avec Jalal Talabani, compare le système mis en place après 2003 à celui de la Roumanie sous Ceausescu !
Abus de pouvoir, corruption et prisons secrètes
Les médias, à quelques exceptions près, sont aux ordres des deux grands partis. Les journalistes indépendants ne peuvent pas adhérer au syndicat officiel, et la moindre critique provoque en retour intimidations, arrestations et amendes. A Kirkouk, menacée d’annexion, la journaliste Soran Mama Hama, a été assassinée pour avoir critiqué les services sécuritaires kurdes. D’autres, à Erbil et Soulimaniya, ont échappé à des attentats pour avoir dénoncé les abus de pouvoir et la corruption. Pour la publication d’informations dites « confidentielles », Adib Aref, rédacteur en chef du quotidien kurde Hawlati, a été qualifié en 2008 de « traître au service de l’étranger » par le secrétariat de Barzani. Jalal Talabani, en tant que président de la République, s’en est pris aussi à lui, en lui intentant un procès pour avoir publié, en kurde, un rapport du chercheur américain Michael Rubin, qui lui déplaisait. L’ex-chef de guerre, que le légendaire Mustapha Barzani comparait à un scorpion, n’a évidemment rien du « George Washington irakien » vanté par le département d’Etat étasunien.
La sécurité – toute relative – ne prévaut au Kurdistan qu’au prix d’arrestations et d’incarcérations dans les prisons secrètes du ministère de l’Intérieur de la région autonome et des services secrets du PDK (Parti démocratique du Kurdistan, de Massoud Barzani) ou de l’UPK. Masrour Barzani, fils du président de la région, chef du Parastin, le SR du PDK, se croit tout permis. En février 2006, à Vienne, il aurait fait tabasser par ses gardes du corps à Vienne Kamal Saïd Qadir – citoyen autrichien - connu pour ses articles attaquant la nomenklatura d’Erbil. Arrêté lors d’un séjour au Kurdistan en 2005, cet intellectuel avait été condamné à … 30 ans de prison, puis libéré quelques mois plus tard grâce aux pressions exercées par l’Autriche sur le président kurde.
Test de popularité grandeur nature
La liste Kurdistan, du duo Barzani-Talabani, emportera-t-elle les élections ? L’UPK, en perte de vitesse, tire le PDK vers le bas. Bien qu’elle peut compter sur les voix de tribus qui leur ont fait allégeance, de nouvelles forces apparaissent, issues de la mouvance islamique ou inspirées par le PKK, l’organisation séparatiste kurde de Turquie. Kamal Saïd Qadir s’est déclaré candidat. Moushiwan Mustapha, qui dirige le groupe de presse Wisha Media Corporation, se présente en alternative sérieuse. Considéré comme « l’enfant terrible » du nationalisme kurde irakien, il concourra, avec Jawhar Namiq, membre de la direction du PDK qui l’a rejoint, sous l’étiquette du « Changement ». Sa liste peut compter sur le soutien du quotidien Rozhnama et de KNN-TV qui lui appartiennent. Mais, cette dernière n’émet que 7 heures par jour, peu à côté des chaînes radio et télévisées de l’alliance Barzani –Talabani avec leurs dix satellites émettant 24 heures sur 24. Mais, indication qui ne trompe pas, la défiance des Kurdes pour leurs dirigeants, un sondage effectué par Hawlati le 12 mai, place la liste du Changement en tête avec 59,3% des voix, suivie par celle des Quatre Partis qui regroupe des mouvements islamique et de gauche (19%). La liste Kurdistan ne dépasserait pas les 20%.
Qotab Talabani, le très contesté « ambassadeur » kurde aux Etats-Unis, a beau exhorter la diaspora kurde à dépasser ses ressentiments, la décision du Gouvernement Régional Kurde (KRG) de ne pas appeler à voter les électeurs résidant à l’étranger, jugés trop frondeurs, est du plus mauvais effet. Depuis plusieurs décennies, les Barzani et Talabani ont fait miroiter aux yeux des Kurdes les bienfaits de la démocratie et de l’indépendance. Pour ce qui est des libertés, depuis l’agression américaine de 2003, la population ne se fait plus d’illusions. Depuis qu’en mars dernier, Jalal Talabani a jugé « impossible » l'accession du Kurdistan irakien à l'indépendance, et réduit les vieilles revendications séparatistes kurdes à un « rêve poétique », le désenchantement transcende tout l’éventail politique. Quel que soit le résultat des élections en juillet, la stabilité dans cette région d’Irak est des plus incertaines.
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La Région autonome du Kurdistan irakien
La division des Kurdes irakiens, dues à des inimitiés ancestrales entre tribus, clans, ou aux ambitions personnelles de dirigeants politiques, a toujours entretenu dans cette partie de l’Irak, une confusion propice aux interventions étrangères. L’Union soviétique, les Etats-Unis, Israël, l’Iran, la Syrie ou la Turquie s’y sont souvent affrontés, ou s’y affrontent toujours, par chefs kurdes interposés.
En arrivant au pouvoir à Bagdad, en juillet 1968, le parti Baas avait pour objectif prioritaire de rétablir la paix entre irakiens en réglant définitivement le problème kurde, en partant du principe que leurs aspirations étaient « naturelles et légitimes ».
Le 11 mars 1970, une proclamation jetant les bases de rapports nouveaux entre Arabes et Kurdes a été rendue publique, suivie en 1974 par l’octroi d’un statut d’autonomie interne pour les gouvernorats de Soulimaniya, Erbil et Dohouk, qui formèrent la Région autonome du Kurdistan.
A cette époque, Mustapha Barzani – père de Massoud - qui avait négocié le projet avec Saddam Hussein, alors vice-président, et qui y était favorable, changea brusquement de position en revendiquant les puits de pétrole de Kirkouk, sous la pression du Chah d’Iran, d’Henry Kissinger et d’Israël. Il proposa même à Washington de faire du Kurdistan… un Etat américain ! Aujourd’hui, après bien des péripéties et des dizaines de milliers de morts, la situation a certes évoluée, mais pour se ressembler. Cruellement.
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Les services secrets kurdes font la loi
Le Parastin, service secret du PDK, et le Dazgay Zaniyari, celui de l’UPK, sont dirigés respectivement par Masrour Barzani et Pavel Talabani, fils des présidents inamovibles de ces partis. Ils coordonnent plus ou moins leurs activités de répression avec l’Asayish, organe officiel de sécurité de la Région autonome, fondé en 1993.
Le Parastin, le Dazgay Zaniyari et l’Asayish sont régulièrement accusés de détentions arbitraires, de torture, d’exécutions sommaires, et de nettoyage ethnique à Kirkouk et ses environs – riches en pétrole - où les Turcomans sont majoritaires. La plupart des détenus politiques, passés par des prisons secrètes, ou des « disparus », sont des membres d’organisations islamiques antiaméricaines. Les cadres des services secrets kurdes ont été à « bonne école », formés, suivant les époques, par le KGB, la Savak du Chah, la CIA, le Mossad israélien, voire le Vevak des Mollah iraniens.
Article publié dans Afrique Asie de juin 2009
Saturday, April 25, 2009
Interview
3 questions à:
Gilles Munier : « espion de l’or noir » !
"7 Jours" (Hebdomadaire - Rennes) du 24 avril 2009
Le rennais Gilles Munier, connu pour ses relations en Irak du temps de Saddam Hussein, vient de publier « Les espions de l’or noir »* qui traite des menées clandestines occidentales dans le Caucase et dans le monde arabe, de Napoléon 1er à la fin de la Seconde guerre mondiale. Outre l’inévitable Lawrence d’Arabie, il brosse le portrait d’une pléiade d’agents secrets sulfureux qui ont fait du pétrole l’énergie maîtresse du monde. Un document passionnant qui se lit comme un roman.
Q : Les « Espions de l’or noir » débutent avec l’expédition de général Bonaparte en Egypte. Pourquoi remonter si loin, à une époque où il n’était pas question de pétrole ?
R : Les espions sont des pions sur un échiquier. Les défaites militaires de Bonaparte devenu Napoléon 1er, puis de Napoléon III, face aux Anglo-saxons ont permis à leurs agents secrets d’être en position de force au Proche-Orient lorsque Churchill a choisi le pétrole comme carburant de la flotte anglaise. Les dirigeants français de l’époque, inconscients ou corrompus, les ont laissé faire. Les Américains sont ensuite entré dans le jeu. Les deux guerres mondiales étaient des guerres du pétrole, les Allemands les ont surtout perdues faute d’en avoir où d’accéder à ses sources. L’expédition de Suez, la guerre dite des Six jours, les guerres Iran-Irak et du Golfe aussi. Comme le disait un des fondateurs de l’OPEP, le pétrole est bien « l’excrément du Diable ».
Q : Vous avez effectué de multiples voyages au Proche-Orient et rencontré des dirigeants qualifiés de terroristes, n’avez-vous jamais craint d’être accusé d’espionnage ?
R : Toute la question est de savoir où commence et où finit l’espionnage. Du temps de la guerre froide, remettre aux Soviétiques les derniers horaires SNCF pouvait être assimilé à de l’intelligence avec l’ennemi. J’ai toujours agi selon ma conscience, selon l’idée que je me faisais de la France et de ses intérêts, sans trahir la confiance de mes interlocuteurs. Le Proche-Orient est un nid d’espions. Etre soupçonné d’espionnage fait partie du paysage. Quand on n’a rien à se reprocher, il ne faut pas s’inquiéter.
Q : Dans les années 70, vous avez séjourné symboliquement dans un camp palestinien, en 1990 vous avez fait libérer des otages français en Irak, vécu les guerres Iran-Irak et du Golfe, reçu des menaces de mort d’un fanatique pro israélien, enfin depuis 4 ans - après votre mise en examen, avec le patron de Total, quelques ambassadeurs et Charles Pasqua, dans l’affaire « Pétrole contre nourriture » - il vous est interdit de sortir de France, pourquoi n’avoir pas plutôt choisi de raconter vos aventures ?
R : J’ai été mis en examen par le juge Courroye pour avoir violé une résolution de l’ONU, et astreint de verser une caution de 50 000 euros. Je m’en serai bien passé, mais suis fier d’avoir lutté contre un blocus responsable de la mort de plus d’1,5 million enfants irakiens. L’interdiction de quitter la France me pose de graves problèmes financiers. J’ai du abandonner deux projets de livres qui nécessitaient des déplacements à l’étranger. Vivement le procès… et la liberté : avec Jacques Vergès, mon avocat, nous l’attendons de pied ferme.
Si « Les espions de l’or noir » se vend bien, j’envisage une suite. Quant à écrire mon autobiographie : encore faudrait-il que ma vie intéresse suffisamment de lecteurs pour la raconter. Je n’en suis pas persuadé.
* Editions Alphée-Koutoubia - 330 pages, avec photos, cartes et index – 22,90 euros
Envoi de "Les espions de l'or noir", dédicacé par l’auteur
France: Chèque de 28, 40 euros (22, 40 + 5,50 de port), à l’ordre de :
Amitiés franco-irakiennes
7, rue de Sarzeau - 35700 Rennes
(tarif sur demande pour les envois à l'étranger)
Table des matières de l'ouvrage:
http://espions-or.noir.over-blog.com/pages/Table_des_matieres-1282939.html
Gilles Munier : « espion de l’or noir » !
"7 Jours" (Hebdomadaire - Rennes) du 24 avril 2009
Le rennais Gilles Munier, connu pour ses relations en Irak du temps de Saddam Hussein, vient de publier « Les espions de l’or noir »* qui traite des menées clandestines occidentales dans le Caucase et dans le monde arabe, de Napoléon 1er à la fin de la Seconde guerre mondiale. Outre l’inévitable Lawrence d’Arabie, il brosse le portrait d’une pléiade d’agents secrets sulfureux qui ont fait du pétrole l’énergie maîtresse du monde. Un document passionnant qui se lit comme un roman.
Q : Les « Espions de l’or noir » débutent avec l’expédition de général Bonaparte en Egypte. Pourquoi remonter si loin, à une époque où il n’était pas question de pétrole ?
R : Les espions sont des pions sur un échiquier. Les défaites militaires de Bonaparte devenu Napoléon 1er, puis de Napoléon III, face aux Anglo-saxons ont permis à leurs agents secrets d’être en position de force au Proche-Orient lorsque Churchill a choisi le pétrole comme carburant de la flotte anglaise. Les dirigeants français de l’époque, inconscients ou corrompus, les ont laissé faire. Les Américains sont ensuite entré dans le jeu. Les deux guerres mondiales étaient des guerres du pétrole, les Allemands les ont surtout perdues faute d’en avoir où d’accéder à ses sources. L’expédition de Suez, la guerre dite des Six jours, les guerres Iran-Irak et du Golfe aussi. Comme le disait un des fondateurs de l’OPEP, le pétrole est bien « l’excrément du Diable ».
Q : Vous avez effectué de multiples voyages au Proche-Orient et rencontré des dirigeants qualifiés de terroristes, n’avez-vous jamais craint d’être accusé d’espionnage ?
R : Toute la question est de savoir où commence et où finit l’espionnage. Du temps de la guerre froide, remettre aux Soviétiques les derniers horaires SNCF pouvait être assimilé à de l’intelligence avec l’ennemi. J’ai toujours agi selon ma conscience, selon l’idée que je me faisais de la France et de ses intérêts, sans trahir la confiance de mes interlocuteurs. Le Proche-Orient est un nid d’espions. Etre soupçonné d’espionnage fait partie du paysage. Quand on n’a rien à se reprocher, il ne faut pas s’inquiéter.
Q : Dans les années 70, vous avez séjourné symboliquement dans un camp palestinien, en 1990 vous avez fait libérer des otages français en Irak, vécu les guerres Iran-Irak et du Golfe, reçu des menaces de mort d’un fanatique pro israélien, enfin depuis 4 ans - après votre mise en examen, avec le patron de Total, quelques ambassadeurs et Charles Pasqua, dans l’affaire « Pétrole contre nourriture » - il vous est interdit de sortir de France, pourquoi n’avoir pas plutôt choisi de raconter vos aventures ?
R : J’ai été mis en examen par le juge Courroye pour avoir violé une résolution de l’ONU, et astreint de verser une caution de 50 000 euros. Je m’en serai bien passé, mais suis fier d’avoir lutté contre un blocus responsable de la mort de plus d’1,5 million enfants irakiens. L’interdiction de quitter la France me pose de graves problèmes financiers. J’ai du abandonner deux projets de livres qui nécessitaient des déplacements à l’étranger. Vivement le procès… et la liberté : avec Jacques Vergès, mon avocat, nous l’attendons de pied ferme.
Si « Les espions de l’or noir » se vend bien, j’envisage une suite. Quant à écrire mon autobiographie : encore faudrait-il que ma vie intéresse suffisamment de lecteurs pour la raconter. Je n’en suis pas persuadé.
* Editions Alphée-Koutoubia - 330 pages, avec photos, cartes et index – 22,90 euros
Envoi de "Les espions de l'or noir", dédicacé par l’auteur
France: Chèque de 28, 40 euros (22, 40 + 5,50 de port), à l’ordre de :
Amitiés franco-irakiennes
7, rue de Sarzeau - 35700 Rennes
(tarif sur demande pour les envois à l'étranger)
Table des matières de l'ouvrage:
http://espions-or.noir.over-blog.com/pages/Table_des_matieres-1282939.html
Thursday, April 9, 2009
CORRUPTION EN IRAK
Les non-dits du commerce avec l’Irak
Arnaques et pièges en tous genres à Bagdad
par Gilles Munier
A l’exception de ceux qui ont une parfaite connaissance des rouages de l’économie irakienne et de ses pièges, inciter les chefs d’entreprises à aller à Bagdad – comme l’a fait Nicolas Sarkozy - peut être assimilé à de la non assistance à personne en danger. L’Irak n’est pas un eldorado pour occidentaux, mais un champ de bataille. Il le demeurera tant que les Américains n’auront pas quitté le pays… et ce n’est pas demain la veille. Pour avoir un aperçu des dangers encourus, il suffit de consulter le site « Conseils aux voyageurs »… du Quai d’Orsay, et ceux des organismes qui traitent des « risques pays » : OCDE, AON France ou l’ONDD belge.
Les dirigeants portés au pouvoir à Bagdad par les Américains, ne semblent pas avoir pour priorité de reconstruire le pays, mais de se remplir les poches en un minimum de temps. Les chefs d’entreprises étrangères, appâtés par des contrats « juteux », ne sont pour eux que des pigeons à plumer. Les témoignages ne manquent pas sur les chausse-trappes à éviter et la course aux obstacles sans fin imposée à ceux qui se sont risqués à commercer avec l’Irak.
Certains ont déjoué des arnaques à la nigériane. A Erbil – Kurdistan irakien - et en Irlande, des bureaux de représentation bidons émettent des faux contrats au nom d’organismes officiels irakiens et réclament une participation aux frais pour les valider. D’autres ont été victimes de gangs de hackers qui ont intercepté leurs échanges de courriels avec leurs contacts en Irak, et ont reçu de fausses demandes d’aide, sous le couvert d’identité d’hommes d’affaires irakiens connus.
A Bagdad, l’industrie du bakchich fonctionne à plein rendement. Il faut en verser, en cascade, aux responsables de partis chiites pro iraniens, ou sunnites pro américains, qui se partagent les postes dans les ministères et les sociétés qui en dépendent. Les contrats traités par un ministre étant supérieurs à 5 millions de $, compris entre 2 et 5 millions de $ pour les vice ministres, et jusqu’à hauteur de 2 millions pour les directeurs généraux, on imagine les commissions réclamées par les intermédiaires qui pullulent.
Ce n’est pas tout : l’Iraqi Investment Board, créé pour encourager les étrangers à investir dans la reconstruction du pays, pratique un véritable racket. N’ont le droit de concourir que ceux qui payent pour voir, mais à la différence du poker, la partie est loin d’être terminée. Le chef d’entreprise se fait aussi rançonner par la Trade Bank of Irak qui a le monopole de l’émission des lettres de crédit (LC) pour l’Etat irakien, puis doit verser des provisions pour le paiement des commissions aux comités chargés de réceptionner ses envois. Enfin, l’angoisse le prend quand il s’aperçoit que les LC sont rédigées de façon à ce que son client puisse bloquer le paiement du contrat sous divers prétextes. Les LC n’étant pas envoyées après émission aux ministères concernés, ne sont pas validées par les sociétés d’Etat. Résultat : quand le fournisseur se voit réclamer des pénalités de retard, il n’a aucun recours. La désorganisation de l’économie irakienne a bon dos. Les incohérences et ratées du système sont souvent délibérées.
Depuis quelques semaines, pour décourager les sociétés étrangères de recouvrer leurs créances quand le montant des contrats ne dépasse pas les 2 millions de $, la Trade Bank of Iraq (TBI) – qui joue le rôle de l’ancienne Banque centrale d’Irak pour le règlement des contrats des sociétés et organisations d’Etat – oblige les sociétés étrangères à effectuer les remises documentaires à des partenaires locaux dans des régions « instables ». Par exemple, une livraison à Bassora, où il est facile à se rendre via Koweït City, est ainsi traitée à 850km, par une banque de Mossoul, dans une province connue pour être un des principaux foyers de résistance, donc impossible d’accès sans protection armée coûteuse. Ces méthodes de gangsters n’étonnent personne sur les bords du Tigre. Le président de la TBI est, comme par hasard, un affidé d’Ahmed Chalabi, condamné à 22 ans de prison en Jordanie, en 1992, pour la faillite frauduleuse de la banque Petra et ses relations la CIA… et les mollahs iraniens.
Ce n’est évidemment pas parce qu’un régime déplait qu’il faut ostraciser le peuple d’un pays. A plus forte raison lorsqu’il s’agit de l’Irak qui a subi deux guerres, treize ans d’embargo criminel et une occupation meurtrière qui n’en finit pas. Il n’y a aucune raison, non plus, de laisser les entreprises anglo-saxonnes et iraniennes monopoliser le commerce extérieur irakien. Mais, est-ce uniquement pour cela qu’est organisé le retour des entreprises françaises en Irak ?
Avant de commercer avec l’Irak, il est vivement conseillé de lire Kafka.
Arnaques et pièges en tous genres à Bagdad
par Gilles Munier
A l’exception de ceux qui ont une parfaite connaissance des rouages de l’économie irakienne et de ses pièges, inciter les chefs d’entreprises à aller à Bagdad – comme l’a fait Nicolas Sarkozy - peut être assimilé à de la non assistance à personne en danger. L’Irak n’est pas un eldorado pour occidentaux, mais un champ de bataille. Il le demeurera tant que les Américains n’auront pas quitté le pays… et ce n’est pas demain la veille. Pour avoir un aperçu des dangers encourus, il suffit de consulter le site « Conseils aux voyageurs »… du Quai d’Orsay, et ceux des organismes qui traitent des « risques pays » : OCDE, AON France ou l’ONDD belge.
Les dirigeants portés au pouvoir à Bagdad par les Américains, ne semblent pas avoir pour priorité de reconstruire le pays, mais de se remplir les poches en un minimum de temps. Les chefs d’entreprises étrangères, appâtés par des contrats « juteux », ne sont pour eux que des pigeons à plumer. Les témoignages ne manquent pas sur les chausse-trappes à éviter et la course aux obstacles sans fin imposée à ceux qui se sont risqués à commercer avec l’Irak.
Certains ont déjoué des arnaques à la nigériane. A Erbil – Kurdistan irakien - et en Irlande, des bureaux de représentation bidons émettent des faux contrats au nom d’organismes officiels irakiens et réclament une participation aux frais pour les valider. D’autres ont été victimes de gangs de hackers qui ont intercepté leurs échanges de courriels avec leurs contacts en Irak, et ont reçu de fausses demandes d’aide, sous le couvert d’identité d’hommes d’affaires irakiens connus.
A Bagdad, l’industrie du bakchich fonctionne à plein rendement. Il faut en verser, en cascade, aux responsables de partis chiites pro iraniens, ou sunnites pro américains, qui se partagent les postes dans les ministères et les sociétés qui en dépendent. Les contrats traités par un ministre étant supérieurs à 5 millions de $, compris entre 2 et 5 millions de $ pour les vice ministres, et jusqu’à hauteur de 2 millions pour les directeurs généraux, on imagine les commissions réclamées par les intermédiaires qui pullulent.
Ce n’est pas tout : l’Iraqi Investment Board, créé pour encourager les étrangers à investir dans la reconstruction du pays, pratique un véritable racket. N’ont le droit de concourir que ceux qui payent pour voir, mais à la différence du poker, la partie est loin d’être terminée. Le chef d’entreprise se fait aussi rançonner par la Trade Bank of Irak qui a le monopole de l’émission des lettres de crédit (LC) pour l’Etat irakien, puis doit verser des provisions pour le paiement des commissions aux comités chargés de réceptionner ses envois. Enfin, l’angoisse le prend quand il s’aperçoit que les LC sont rédigées de façon à ce que son client puisse bloquer le paiement du contrat sous divers prétextes. Les LC n’étant pas envoyées après émission aux ministères concernés, ne sont pas validées par les sociétés d’Etat. Résultat : quand le fournisseur se voit réclamer des pénalités de retard, il n’a aucun recours. La désorganisation de l’économie irakienne a bon dos. Les incohérences et ratées du système sont souvent délibérées.
Depuis quelques semaines, pour décourager les sociétés étrangères de recouvrer leurs créances quand le montant des contrats ne dépasse pas les 2 millions de $, la Trade Bank of Iraq (TBI) – qui joue le rôle de l’ancienne Banque centrale d’Irak pour le règlement des contrats des sociétés et organisations d’Etat – oblige les sociétés étrangères à effectuer les remises documentaires à des partenaires locaux dans des régions « instables ». Par exemple, une livraison à Bassora, où il est facile à se rendre via Koweït City, est ainsi traitée à 850km, par une banque de Mossoul, dans une province connue pour être un des principaux foyers de résistance, donc impossible d’accès sans protection armée coûteuse. Ces méthodes de gangsters n’étonnent personne sur les bords du Tigre. Le président de la TBI est, comme par hasard, un affidé d’Ahmed Chalabi, condamné à 22 ans de prison en Jordanie, en 1992, pour la faillite frauduleuse de la banque Petra et ses relations la CIA… et les mollahs iraniens.
Ce n’est évidemment pas parce qu’un régime déplait qu’il faut ostraciser le peuple d’un pays. A plus forte raison lorsqu’il s’agit de l’Irak qui a subi deux guerres, treize ans d’embargo criminel et une occupation meurtrière qui n’en finit pas. Il n’y a aucune raison, non plus, de laisser les entreprises anglo-saxonnes et iraniennes monopoliser le commerce extérieur irakien. Mais, est-ce uniquement pour cela qu’est organisé le retour des entreprises françaises en Irak ?
Avant de commercer avec l’Irak, il est vivement conseillé de lire Kafka.
Thursday, April 2, 2009
Commercer avec l'Irak? (2)
Entreprises françaises :
La sécurité ne sera pas au rendez-vous
Conditions de la reconstruction : le départ des troupes anglo-saxonnes du pays et l’élection d’un gouvernement vraiment représentatif du peuple irakien. On en est loin. La promesse de Barak Obama de se retirer totalement d’Irak n’étant qu’en partie tenue, l’amélioration de la sécurité pour les hommes d’affaires intéressés par le marché irakien, n’est pas au rendez-vous des entreprises françaises. De 15 000 à 50 000 Gi’s resteront en Irak pour une période indéterminée. Ils participeront, sous un autre nom, à des opérations militaires. Personne ne parle des 150 000 mercenaires en mission dits de sécurité, ni du nombre de bases qui seront maintenus. Le général Ray Odierno, commandant des troupes d’occupation, envisage d’en installer une près des champs pétroliers de Kirkouk, sous prétexte d’empêcher les Kurdes d’annexer la ville.
La Résistance qui avait réduit ses activités en janvier, les relance. Le bureau politique de Rafidain l’a fait savoir le 28 février avec son communiqué n°57. Cette organisation est connue pour ses nombreuses opérations, la plus célèbre étant l’assassinat, en décembre 2003, de Dale Stoffel, un proche de George Bush, officiellement marchand d’armes, mais accusé d’être le véritable chef de la CIA en Irak. Autre réaction : celle du Front islamique de la résistance irakienne (JAAMI), le 11 mars : Abdullah Hafiz, son porte-parole, a déclaré avoir suffisamment de munitions pour tenir dix ans et estimé entre 50 et 75 le nombre d’opérations militaires effectuées chaque mois par le front. Il a annoncé, pour bientôt, la mise en service d’un missile de 25kms de portée (*). Bonjour les dégâts.
(*) http://antiimpmedia.wordpress.com/2009/03/09/jaami-hafiz
La sécurité ne sera pas au rendez-vous
Conditions de la reconstruction : le départ des troupes anglo-saxonnes du pays et l’élection d’un gouvernement vraiment représentatif du peuple irakien. On en est loin. La promesse de Barak Obama de se retirer totalement d’Irak n’étant qu’en partie tenue, l’amélioration de la sécurité pour les hommes d’affaires intéressés par le marché irakien, n’est pas au rendez-vous des entreprises françaises. De 15 000 à 50 000 Gi’s resteront en Irak pour une période indéterminée. Ils participeront, sous un autre nom, à des opérations militaires. Personne ne parle des 150 000 mercenaires en mission dits de sécurité, ni du nombre de bases qui seront maintenus. Le général Ray Odierno, commandant des troupes d’occupation, envisage d’en installer une près des champs pétroliers de Kirkouk, sous prétexte d’empêcher les Kurdes d’annexer la ville.
La Résistance qui avait réduit ses activités en janvier, les relance. Le bureau politique de Rafidain l’a fait savoir le 28 février avec son communiqué n°57. Cette organisation est connue pour ses nombreuses opérations, la plus célèbre étant l’assassinat, en décembre 2003, de Dale Stoffel, un proche de George Bush, officiellement marchand d’armes, mais accusé d’être le véritable chef de la CIA en Irak. Autre réaction : celle du Front islamique de la résistance irakienne (JAAMI), le 11 mars : Abdullah Hafiz, son porte-parole, a déclaré avoir suffisamment de munitions pour tenir dix ans et estimé entre 50 et 75 le nombre d’opérations militaires effectuées chaque mois par le front. Il a annoncé, pour bientôt, la mise en service d’un missile de 25kms de portée (*). Bonjour les dégâts.
(*) http://antiimpmedia.wordpress.com/2009/03/09/jaami-hafiz
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